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Ylane Raynaud 

Le soin 

Je pense qu’il va y avoir plusieurs types de soin. Les gens viennent au cabinet pour une douleur d’épaule, pour des problèmes digestifs, pour des choses plus graves comme la chimiothérapie par exemple. Ensuite, il va y avoir le traitement. J’ai mal à l’épaule, on traire l’épaule, il n’y a plus de douleurs mais il va y avoir autre chose. Il va y a voir l’esprit aussi : le besoin de parler, de communiquer avec la personne et le besoin de lui faire prendre conscience de certaines choses. On pourrait diviser le soin physique, du corps, de la matière et le soin de l’esprit. Mais, les deux vont ensemble. Quelqu’un qui va avoir un esprit qui se développe naturellement va avoir un corps plutôt en bonne santé de manière générale. Quelqu’un qui a un corps plutôt en bonne santé va avoir tendance à avoir un esprit qui se développe naturellement. Il y a vraiment cette double notion avec le soin du corps et de l’esprit. On peut l’appeler l’esprit, l’âme, tout ce qu’on veut mais au final, c’est ce qu’on cherche tous. On expérimente cette vie. Le corps, c’est juste le véhicule pour l’expérience.  

 

L’amour 

Deux personnes qui vont se rencontre, qui vont vibrer sur le même plan - je ne sais pas trop comment dire ça – comme deux pôles opposés mais qui vont s’attirer, comme deux aimants. Et, on peut faire ce qu’on veut, ça va toujours venir se coller. Et puis, il y a la vie derrière de toutes façons qui va faire en sorte que ça se recolle. Il va vraiment y avoir ce mouvement d’extension à l’autre et puis ce mouvement de rétraction parce que l’autre c’est soi, c’est juste une part de nous. C’est comme un souffle en fait. Comme l’œil qui va s’ouvrir et se fermer, comme le soleil et la lune, comme le jour et la nuit. Deux polarités en fait. On va vraiment s’adonner à l’autre et puis ensemble essayer de retrouver une unité. 

 

Le choix 

Cette sensation qu’on n’a pas le choix, qu’on n’a jamais eu le choix, elle s’est faite quand j’ai décidé ou plutôt quand la vie a décidé que je fasse de la médecine chinoise. Avant, je faisais des études d’anglais-chinois à la fac, quelque chose de très basique en fait. Et, un jour, je me suis réveillé avec la volonté de faire de la médecine chinoise et, à la base, de l’acupuncture. Je n’en avais jamais fait et je ne savais pas ce que c’était mais c’était vraiment clair comme de l’eau de roche. Je me suis réveillé un matin comme ça sans rien. J’ai quitté la fac, j’ai tout quitté pour faire ça. Donc, le choix, c’est une succession d’actes, de moments qui amènent ici et maintenant. 

 

La liberté 

C’est comme dans le couple où il y avait la notion de se perdre et de s’abandonner. Là, on peut se perdre et s’abandonner à la vie et qu’est-ce que ça fait du bien de sentir que, au final, toute la pression qu’on se met de croire qu’on fait des choses, de croire « ah c’est moi qui fait ça » « ah non c’est moi » et bien non. Là, tout le poids qu’on se met sur les épaules, on le laisse aller. C’est la vie qui fait. Elle le fait et elle ne nous a pas attendu. Notre cœur, il bat tout seul. On n’a pas besoin d’y pense, on n’a pas besoin de faire quelque chose pour que ça se fasse. On peut dézoomer un petit peu, c’est la même chose : plein d’humains, de plantes, de choses qui forment une unité, le monde. Comme les cellules du corps vont bouger et faire en sorte que ça se passe, nous on bouge et on fait en sorte que le monde se passe. C’est cette force de vie en nous. Quand on saisit ça, l’ego n’est pas très content parce qu’on lui dit qu’il fait plus rien, mais quand on laisse aller … quel bonheur ! quelle libération ! Comme dans le couple, on se libère à ce moment, on s’adonne à la vie, à ce qui est. 

 

Les mots

Je pense à une personne qui m’a marqué. C’était une personne dans une dépresse assez profonde. Je lui fais les points et au dernier moment je vais lui dire une phrase et j’ai vu, dans son regard, que j’avais touché quelque chose en elle. J’ai senti et ressenti que cette phrase allait changer des choses. Je l’ai revue, ce n’était plus du tout la même personne. Je pense que, plus que les mots, c’était l’intention qu’il y avait derrière. Ça a changé la façon dont je pratique aujourd’hui. 

 

Le chen 

Le chen, c’est l’esprit. Et l’esprit … c’est marrant que tu parles de cardiologue parce que l’esprit est logé dans le cœur, c’est cette force organisatrice qui fait la plante, qui fait tout ici. Tout émane de ça. La table là, c’est une pensée, ça a été créé. La tasse, la caméra, tout vient de cette même force qui se déploie toujours, toujours, toujours plus. 

 

Le mouvement 

Ça c’est beau parce que ça montre aussi le caractère impermanent des choses et de l’amour et puis de tout ce qui est. Il y a toujours une volonté de se rattacher à quelque chose qui ne bouge pas, qui reste immobile mais la vie, elle n’est pas prévue pour ça. Il n’y a qu’à voir les saisons, comme le jour et la nuit, ça bouge toujours. Tout est là, le mouvement, c’est la vie. Quand ça ne bouge pas, généralement c’est pas très bon. Un corps qui ne bouge pas, il est tout froid. Il n’y a plus tellement de vie dedans. Mais, il y a toujours ce besoin de se rattacher à des choses qui ne bougent pas du fait de la peur de perdre, de souffrir, de manquer, et surtout la peur de la mort. Mais, elle est illusion, elle aussi, parce que c’est juste cette expérience. C’est ce corps qui va mourir mais cette force de vie on l’a tous. Elle est en chacun de nous. Elle continue, elle est partout et elle continuera. 

 

 

 

La paix 

C’est cette force-là qui va se faire et qui ne dépend d’aucune volonté. D’ailleurs, ça se fait ou ça ne se fait pas et ce n’est pas grave. Ça va se manifester, ça va s’apaiser et le cœur justement va s’apaiser. La recherche du désir va s’apaiser, la recherche du plaisir et du coup de la non-souffrance aussi va s’apaiser pour aller vers plus de paix, vers plus d’économité entre les choses. 

On peut vivre chaque situation avec non pas un recul ou un détachement mais les choses ne nous touchent plus de la même manière. 

 

Les rencontres 

Les rencontres, elles se font, de toutes manières qu’on le veuille ou non. Des rencontres décisives, il y en a plein, tous les jours. Elles sont souvent là où on ne les attend pas d’ailleurs. Par exemple, la patiente dont je vous ai parlé, était une rencontre décisive et a changé quelque chose en moi. Toute chose va être décisive. 

Après, si on dézoome un petit peu, on va voir l’engendrement d’une rencontre qui paraît, de prime abord pas forcément décisive mais qui, par une autre rencontre, une autre rencontre, une autre rencontre va faire que, à un moment donné dans notre vie, quelque chose va émaner et va bouleverser notre vie. Mais, ça va être une rencontre qui s’est faite bien avant. 

 

La beauté 

La première chose qui me vient à l’esprit c’est ce qui est vrai, ce qui est naturel, sans artifice. C’est pour ça par exemple - c’est juste un point de vue - que j’aime bien les matériaux bruts, les formes, les textures : une pierre un peu rugueuse qui a du poids, quand on sent que c’est dense … Si je vais un peu plus loin, c’est quelque chose qui va susciter une émotion en moi et un besoin soit de la voir, de la contempler ou de la toucher. Ça va surtout stimuler le toucher parce qu’au final quand on pose les yeux sur quelque chose, on touche. Après, ce que je suis en train de dire, c’est très visuel. Je peux penser aussi à un morceau de musique qui peut être très beau, là on peut dire que la musique doit toucher nos oreilles. Ça va stimuler les émotions en lien avec les sens. 

 

Transmettre 

Ça va au-delà de l’enseignement, on va aussi transmettre une émotion. Il va y avoir cette force de vie. On va s’adonner sans retenue. Dans le fait de transmettre, je pense qu’il y a un échange qui va se faire de cœur à cœur. 

 

L’enfant 

La question : comment on fait pour émaner cet amour ? Mais, un enfant ce n’est que l’amour et un amour donné. Les enfants, c’est magnifique ! ça se voit, d’ailleurs dans leur regard. Il n’y a pas encore eu toutes ces constructions du personnage en fait qui vient resserrer ou bloquer cet amour parce qu’on a eu mal, qu’on s’est fait quitter, qu’on nous a dit quelque chose qui ne nous a pas plus … On se met des bonnes petites barrières. Non, cet enfant, il n’en a pas. Il émane juste l’amour. Ça se voit dans les yeux. C’est que de l’amour et que de la vie les enfants et évidemment, c’est toujours là. C’est une image : on enlève les briques, toutes les protections qu’on s’est constitué ou tous les schémas aussi qui se sont créés pour retrouver cette joie d’être de l’enfant, parce que l’enfant il est juste là dans cette pure et simple joie d’être. On regarde, d’ailleurs, que l’émotion des enfants elle n’est jamais saisie. Souvent, chez les adultes, l’émotion est déclenchée par quelque chose qui ne nous convient pas, il y a quelque chose en moi qui est perturbé, il y a quelque chose en moi qui est gêné et, du coup, l’émotion va diriger et ensuite on va mouliner, on va ressasser : « j’aurais dû faire ça … ah j’ai dit ça, j’aurais pas dû dire ça ». Non, l’enfant, il est là. L’émotion, elle est libre, elle est sans contrainte. Il y a quelque qui arrive, il pleure, deux secondes après il est là à rigoler et c’est bon, c’est fait. 

Chez les adolescents, quand on est jeune, on a besoin de reconnaissance. Il y a une quête aussi - ce n’est pas que chez les enfants c’est chez tout le monde – une quête d’amour. On est là à crier à l’amour, à quémander, à demander de l’amour alors qu’il est là, partout, dans toutes choses. Tous, là, le produit de l’amour. 

Le monde 

Les gens ont perdu cette joie d’être, qui est toute simple. Ça va créer plein de choses dans le corps, plein de pathologies. Les gens vont mal parce qu’ils se sont perdus. Ils ne savent pas qui ils sont. Il n’y a plus d’amour. Les gens ont perdu cette partie de soi en fait. Il y a eu une déconnection avec soi, avec cette force de vie qui est la nature, qui est juste le fait de ce qui est. 

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