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Voluptés de Bernard Sexe

Bernard Sexe, né en 1944 à Besançon, a travaillé au ministère des affaires étrangères de la république française depuis 1973, date de sa 1ère affectation au Nigéria. Il a œuvré au sein des ambassades et centres culturels et dans les différents rouages des relations internationales, décrivant un parcours allant des négociations pour la paix dans la crise des grands lacs en Afrique jusqu’à la promotion de la coopération culturelle à Madagascar ou au Vanuatu.  Il a mené une vie riche et intense, en quête de l’Autre autant que de l’Art.

D’une culture incommensurable, collectionneur invétéré « amassant », comme il le dit lui-même, objets et toiles durant ses 42 ans de carrière, ami bienveillant des artistes, il achetait à tous et a réuni ainsi un ensemble d’œuvres d’art éblouissantes de connaissances et d’invention pour la plupart.

Il continue d’entretenir des relations privilégiées avec les artistes qui viennent lui rendre visite en sa principauté de Corneux à quelques kilomètres de Gray en Haute Saône.

 

 

« Artistes du Hangar »

Dès 1920, Georges Thiry, fonctionnaire colonial belge, connaisseur de l’art moderne occidental et de ses sources chez les « primitifs » africains, est ébahi par la qualité artistique des décorations qui ornaient les murs de certaines cases. Soucieux de leur pérennité, ils fournit aux artistes décorateurs papier et couleurs à l’aquarelle pour peindre leurs motifs originaux. Ces œuvres sont envoyées à Bruxelles et c’est la 1ère étape d’une longue histoire de 90 ans d’ardeur artistique du Congo.

La rencontre suivante, près de 20 ans plus tard, avec l’art congolais fut celle de Pierre-Romain Desfossés (1887-1954), un marinier français, peintre à ses heures, envoyé en 1941 à Brazzaville afin d’établir un statut destiné à protéger l’art et l’artisanat indigènes. Il joue un rôle de premier ordre dans la fondation de l’Union Africaine des Arts et des Lettres, dont le but est de mettre en place et de développer un mouvement africain de coopération et de diffusion de l’art indigène. Il a la conviction qu’il existe en Afrique une esthétique autre et fonde en 1946 l’Académie d’Art populaire indigène, un atelier dont l’objectif n’est pas d’apprendre à peindre à la manière européenne, mais plutôt de permettre aux artistes d’exprimer et développer leur créativité et leur personnalité. « Le Hangar », à Lubumbashi, située à mi-chemin entre Kinshasa et Johannesburg, en Katanga, presque déjà en Afrique australe, est un véritable centre de création. Les artistes qui le fréquentent s’inspirent du monde qui les entoure, de leurs traditions, représentent leur cosmogonie. Les sujets en sont naïfs : animaux et scènes de village.

Les toiles présentées sont issues de ce mouvement du Hangar et peuvent être attribuées (sans authentification certaine cependant) à 2 grands artistes de cette époque :

Bela, né à Fort Archambault (Sahr) au Tchad et décédé vers 1968 à Brazzaville en République du Congo.

Pierre Romain Desfossés surprend Bela, son ordonnance, d’origine tchadienne, à 2 reprises en pleine création, gravant des sujets dans le bois, ou en train de peindre avec ses doigts. En 1944, il collabore avec lui en publiant un recueil de fables de la brousse dont les illustrations et les caractères typographiques sont gravés dans le bois par Bela au moyen d’un simple couteau de poche. Au Hangar, Bela choisit de représenter la beauté de la nature à l’état pur. Il jongle avec les couleurs vives et contrastées et sa technique digitale donne rythme et tension à ses compositions.

  

Pilipili Mulongoy, né en 1914 à Ngolo (Katanga RDC) et décédé en 2007 à Kinshasa (RDC), fils de pêcheur, représente avec un grand raffinement principalement des scènes animalières avec une grande maitrise des couleurs et des nuances, soignant avec minutie contours et détails.

 

 

Pierre Camille Pambu BODO

Né à Mandu (RDC) en 1953, décédé à Kinshasa en mars 2015

D’abord sculpteur d’objets quotidiens en bois comme son père et musicien, il débute la peinture en 1970 en autodidacte en réalisant, à l’instar de nombreux artistes de la peinture populaire d’alors, des illustrations publicitaires à la demande de guérisseurs féticheurs pratiquant des guérisons rituelles.

 Il découvre la religion chrétienne en lisant la bible à partir de 1977 et devient pasteur pentecôtiste en 1980. Il met alors au service de sa mission évangélique son art, représentant les forces du mal combattues par la puissance rédemptrice divine.

Sa rencontre avec Bernard Sexe verra la naissance de la période « Bosch » dont l’univers imaginaire complexe et grouillant l’inspire et lui permet d’épanouir son univers onirique et fantasmagorique peuplé d’êtres hybrides empreint de mysticisme chrétien ou traditionnel, devenant le « Jérôme Bosch africain » dans l’imaginaire collectif.

Il a été l’un des chefs de file de l’art contemporain kinois. En pur esthète, il sublime le Congo, présentant des « femmes surchargées » et des « sapeurs » d’une élégance extrême, prenant plaisir à prendre l’air même qu’ils respirent.

 

 

Sa Majesté Empereur Papa Mfumu’eto 1er

Jaspe Saphir Mfumu’Eto est né à Matadi en 1963 dans le Bas Congo. Sa famille s’installe à Kinshasa dans son enfance. Il y fait des études de peinture et d’architecture d’intérieur. Il commence sa carrière dans la bande dessinée et, précurseur, acquiert un succès fabuleux à partir de 1990. Entre 1990 et 2000, l’artiste produit plus de 200 fanzines. Il y raconte des histoires aux accents surnaturels et mystiques qui font partie de la vie des Kinois.

En 2000, il s’oriente vers la peinture et se proclame « le grand prêtre de la peinture mystico-religio-secrète africaine ». Artiste africain cosmique, il prend le nom de Papa Mfumu’Eto1er. Attiré par la sorcellerie et les pratiques ésotériques traditionnelles, ayant lui-même côtoyé des guérisseurs à Mbetenge dans le Bas Congo, il fait généralement intervenir de la sorcellerie et du mysticisme traditionnel dans ses œuvres. Pour qui s’intéresse à la société congolaise, son œuvre est une somme anthropologique. Il est le messager d’un monde bien présent dans l’imaginaire kinois rural et urbain, en connivence avec les mystères d’antan. Dans nombre de ses œuvres l’artiste fait état d’une nette opposition contre la culture occidentale qu’il trouve trop contraignante, considérant que la vision du monde qu’elle impose va à l’encontre de la culture traditionnelle africaine et de ses aspects occultes. Ainsi « Le cannibalisme rituel » qui offre la vision d’un cannibalisme libératoire d’une évangélisation forcée.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources bibliographiques :

. Catalogue « Beauté Congo » 2015

. Catalogue « Congo Paintings » 2019

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